La profession pharmaceutique mobilise massivement après la publication de l’arrêté gouvernemental réduisant leurs remises commerciales de 40% à 30%, menaçant la survie de milliers d’officines.
Les pharmaciens français organisent ce samedi 16 août l’une des plus importantes fermetures coordonnées de l’histoire récente. Près de 90% des officines seront fermées dans certains départements, en région Provence-Alpes-Côte d’Azur, en Côte-d’Or, en Saône-et-Loire, ou encore dans le Gers.
Cette mobilisation exceptionnelle fait suite à la publication mercredi 6 août dans le Journal officiel d’un arrêté, entérinant la baisse des remises commerciales que les laboratoires peuvent accorder aux officines sur les médicaments génériques.
La profession en colère après la « trahison » gouvernementale
La Fédération des pharmaciens d’officine (FSPF), syndicat majoritaire, dans un communiqué commun avec d’autres organisations de pharmaciens (Uspo, UNPF, Federgy, UDGPO), dénonce une décision prise sans concertation véritable.
L’arrêté publié fixe à compter du 1er septembre les plafonds des remises commerciales à 30% pour les médicaments génériques et prévoit des baisses successives à 20% en 2027. Actuellement, ces remises peuvent atteindre 40% du prix d’achat.
Pour Laurent Filoche, président de l’UDGPO, cette décision est « incompréhensible ». Le gouvernement a décidé de réduire le pourcentage des remises que les pharmaciens pouvaient obtenir des laboratoires pour les médicaments génériques.
Un modèle économique vital menacé
Ces remises représentent plus de 30% de l’excédent brut d’exploitation des officines et constituent un pilier économique fondamental. Ces remises provenaient de l’industrie pharmaceutique privée, pas de l’État, et étaient totalement transparentes.
La baisse programmée pourrait entraîner une perte annuelle de 600 millions d’euros pour le réseau officinal. Pour certaines officines rurales, cela représente entre 40.000 et 70.000 euros de déficit annuel.
Les syndicats redoutent la fermeture d’une officine sur trois en France, soit 6.000 pharmacies, particulièrement dans les territoires ruraux déjà fragilisés.
Économies gouvernementales sur le dos des pharmacies
Cette mesure s’inscrit dans l’objectif gouvernemental de réaliser 1,7 milliard d’euros d’économie sur la santé, dont 500 millions sur le médicament. L’État cible directement les marges des pharmaciens pour financer ses économies budgétaires.
Pourtant, avec la désertification médicale, les pharmacies sont souvent le seul accès à un professionnel de santé sans rendez-vous pour la population. Les officines assurent désormais des missions élargies : vaccinations, dépistages, préparation de piluliers pour les EHPAD.
Mobilisation qui s’intensifie à la rentrée
Cette première fermeture ne constitue qu’un début. L’intersyndicale prévoit également une fermeture des pharmacies le 18 septembre puis « tous les samedis à compter du 27 septembre« .
Des actions judiciaires sont également engagées. L’Union de syndicats de pharmaciens d’officine (USPO) attaque l’État en justice devant le Conseil constitutionnel et devant le tribunal administratif.
Pour assurer la continuité des soins durant cette journée, les Agences régionales de santé ont réquisitionné des officines dans certains secteurs prioritaires, notamment ceux disposant d’un service d’urgence ou d’une maison médicale de garde.
Cette grève historique illustre la tension croissante entre les contraintes budgétaires de l’État et la préservation du maillage pharmaceutique français, essentiel à l’accès aux soins de proximité, particulièrement dans les zones rurales où les pharmacies constituent souvent le dernier lien avec le système de santé.