L’eurodéputée française Rima Hassan refuse de faire demi-tour malgré les menaces israéliennes contre le navire humanitaire Madleen, qui transporte Greta Thunberg et une douzaine de militants vers Gaza.
Les 5 informations clés de cette mission :
- Le navire Madleen parti de Sicile le 1er juin vogue vers Gaza avec l’aide humanitaire et douze militants internationaux
- Le ministre israélien de la Défense Israël Katz ordonne à l’armée d’empêcher l’arrivée du voilier
- L’eurodéputée Rima Hassan et l’activiste Greta Thunberg se trouvent à bord avec dix autres volontaires
- La Coalition de la Flottille de la Liberté organise cette mission pour défier le blocus de Gaza depuis 17 ans
- Les experts de l’ONU appellent à garantir un passage sûr pour ce convoi humanitaire
L’affrontement en haute mer qui fait trembler la diplomatie
Mais qui aurait imaginé qu’un voilier de 18 mètres puisse provoquer une telle tension diplomatique ? Le dimanche 8 juin 2025, alors que le navire Madleen approche des eaux territoriales palestiniennes, le gouvernement israélien durcit le ton. Le ministre de la Défense Israël Katz, ancien chef de la diplomatie devenu le bras droit de Benjamin Netanyahu en novembre 2024, n’y va pas par quatre chemins dans ses déclarations.
Cette escalade intervient dans un contexte particulièrement tendu, puisque la situation humanitaire à Gaza n’a jamais été aussi dramatique selon l’ONU. Depuis le 2 mars 2025, Israël a complètement bloqué l’entrée de toutes les fournitures dans la bande de Gaza, créant ce que les experts décrivent comme « la plus longue fermeture complète de l’histoire du blocus », selon les informations rapportées par Wikipedia.
Ce qu’il faut savoir sur cette mission audacieuse
Mais que transporte réellement ce navire qui inquiète tant les autorités israéliennes ? Le Madleen, du nom de la première et unique pêcheuse de Gaza en 2014, symbolise l’esprit de résistance palestinienne face au blocus imposé depuis 2007. À son bord, 250 kilos de riz, 100 kilos de farine, 600 couches, du lait infantile, des produits d’hygiène pour femmes, des béquilles et des médicaments – une aide certes symbolique face aux besoins de 2,3 millions d’habitants, mais porteuse d’un message politique fort, comme l’explique le site officiel de la Coalition de la Flottille de la Liberté.
Cette initiative s’inscrit dans la continuité d’un mouvement structuré en 2010 après l’arraisonnement tragique du Mavi Marmara, qui avait coûté la vie à dix militants turcs lors d’une intervention des forces spéciales israéliennes. Cette attaque avait provoqué une crise diplomatique majeure entre Israël et la Turquie, obligeant même Benjamin Netanyahu à présenter des excuses plusieurs années plus tard, selon les détails fournis par Le JDD.
Les protagonistes de cette odyssée méditerranéenne
Qui est vraiment Rima Hassan, cette eurodéputée qui défie Israël ?
Rima Hassan, 32 ans, incarne une trajectoire politique fulgurante. Née le 28 avril 1992 dans le camp de réfugiés palestiniens de Neirab, près d’Alep en Syrie, elle a rejoint sa mère en France à l’âge de 10 ans après un parcours migratoire difficile. Naturalisée française en 2010, cette ancienne fonctionnaire de la Cour nationale du droit d’asile s’est rapidement imposée comme une voix incontournable de la cause palestinienne au Parlement européen, où elle siège depuis les élections de 2024 sous l’étiquette de La France Insoumise, selon son profil officiel sur le site du Parlement européen.
Son engagement n’est pas récent : fondatrice en 2019 de l’ONG Observatoire des camps de réfugiés, elle a consacré sa carrière professionnelle à la défense des droits des demandeurs d’asile avant de se lancer en politique. Mais pourquoi cette femme fait-elle autant parler d’elle ? Sa montée en puissance coïncide avec le conflit à Gaza depuis octobre 2023, où ses prises de position ont suscité de vives polémiques. En mars 2025, 94 sénateurs français ont même demandé la levée de son immunité parlementaire après ses déclarations sur le Hamas, qu’elle considère comme ayant « une action légitime du point de vue du droit international », selon Europe 1.
Greta Thunberg : de l’écologie à la géopolitique
Greta Thunberg, 22 ans, la militante écologiste suédoise devenue symbole mondial de la lutte contre le réchauffement climatique, élargit désormais son combat à la géopolitique. Connue pour ses grèves scolaires lancées en 2018 devant le Parlement suédois et ses discours marquants à l’ONU, elle justifie sa présence sur le Madleen par son engagement contre « l’utilisation systématique de la famine contre 2 millions de personnes », selon ses déclarations rapportées par la Coalition de la Flottille de la Liberté.
Cette évolution de son activisme ne surprend pas totalement : depuis plusieurs années, Greta Thunberg lie questions environnementales et justice sociale, considérant que les crises climatiques et humanitaires sont interconnectées. Son père Svante Thunberg avait d’ailleurs révélé à la BBC que sa fille était « plus heureuse depuis qu’elle s’était engagée dans le militantisme », malgré les critiques et la haine qu’elle reçoit régulièrement, selon Radio-Canada.
Pourquoi Jean-Luc Mélenchon monte au créneau
Jean-Luc Mélenchon, leader de La France Insoumise, n’a pas tardé à réagir aux menaces israéliennes. Sur X (ex-Twitter), le député des Bouches-du-Rhône dénonce les menaces de Netanyahu contre « notre petit bateau avec Rima Hassan, Greta Thunberg et dix équipiers ». Il exige que « notre marine nationale intervienne et fasse respecter le droit international et nos ressortissants menacés ».
Cette intervention s’inscrit dans la ligne politique constante de La France Insoumise sur le conflit israélo-palestinien. Depuis sa création en 2016, le mouvement fondé par Mélenchon prône une solution équitable au conflit et dénonce régulièrement les violations du droit international dans les territoires palestiniens, comme l’indique le site de La Gauche au Parlement européen.
Les enjeux derrière cette mission audacieuse
Pourquoi cette flottille fait-elle trembler Israël ?
Mais qu’est-ce qui rend si menaçant aux yeux d’Israël un navire transportant quelques centaines de kilos d’aide humanitaire ? L’enjeu dépasse largement le contenu des cartons à bord. Cette mission s’attaque frontalement au blocus de Gaza, imposé par Israël depuis 2007 et considéré comme illégal par une grande partie de la communauté internationale.
Israël Katz, le ministre de la Défense qui a ordonné d’empêcher l’arrivée du Madleen, n’est pas un inconnu des controverses diplomatiques. Surnommé le « bulldozer » par les médias israéliens, cet homme de 69 ans s’est notamment illustré par ses attaques contre l’UNRWA (l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens) et sa déclaration du secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres comme « persona non grata » en Israël, selon L’Orient-Le Jour.
Les précédents qui hantent cette mission
L’histoire des flottilles vers Gaza est jalonnée de drames. En mai 2025, un premier navire de la coalition, le Conscience, avait déjà été attaqué par des drones au large de Malte, provoquant un incendie et une brèche dans la coque. Cet incident, attribué à Israël par les organisateurs, rappelle le traumatisme du Mavi Marmara en 2010, selon les informations détaillées sur Wikipedia.
Cette escalation inquiète la communauté internationale. Le 2 juin 2025, les experts des Nations Unies en matière de droits humains ont appelé à « assurer le libre passage du navire Madleen« , avertissant que toute tentative de blocage violerait le droit international, comme le rapporte le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme.
Pourquoi cette mission compte dans le contexte actuel
Enjeux humanitaires et diplomatiques
Comment expliquer l’ampleur de la crise humanitaire qui justifie de telles initiatives ? Selon l’ONU, 100% de la population de Gaza est « menacée de famine » depuis la reprise complète du blocus en mars 2025. Cette situation désastreuse résulte de l’arrêt total des livraisons d’aide humanitaire, transformant Gaza en laboratoire de ce que les experts qualifient d’utilisation délibérée de la famine comme arme de guerre.
La Cour internationale de Justice avait pourtant pris des mesures provisoires en mars 2024, reconnaissant que la famine sévissait à Gaza et créait un risque de génocide. En novembre 2024, la Cour pénale internationale a même lancé un mandat d’arrêt contre Benjamin Netanyahu pour crime de guerre de famine, selon les experts de l’ONU cités dans leur communiqué officiel.
Le contexte politique français
Pourquoi la France se retrouve-t-elle au cœur de cette polémique ? La présence de Rima Hassan, eurodéputée française, transforme cette mission en enjeu de politique intérieure. Olivier Faure, Premier secrétaire du Parti socialiste, a apporté son soutien au navire, qualifiant de « ridicule » l’accusation du ministre Katz selon laquelle le bateau transporterait des armes pour le Hamas.
Cette convergence des gauches françaises autour de la cause palestinienne reflète une évolution majeure du paysage politique hexagonal. La France Insoumise, qui a fait de la solidarité avec la Palestine l’un de ses marqueurs identitaires, trouve dans cette mission l’occasion de démontrer sa cohérence idéologique face aux critiques d’antisémitisme qui la visent régulièrement, comme l’analyse Pressenza.
Ce que vous devez savoir sur cette opération
Les questions que vous vous posez
Quel est l’objectif réel de cette mission ? Au-delà de l’aide humanitaire symbolique, la Coalition de la Flottille de la Liberté vise quatre objectifs principaux : briser le blocus illégal de Gaza, sensibiliser l’opinion mondiale aux conditions de vie dans l’enclave, répondre aux appels des Palestiniens à la solidarité internationale, et démontrer que des citoyens du monde entier soutiennent leur lutte pour la dignité, selon leur site officiel Freedom Flotilla.
Comment Israël peut-il légalement intercepter ce navire ? C’est justement tout l’enjeu juridique de cette mission. Selon Huwaida Arraf, avocate spécialisée dans les droits humains et membre du comité de pilotage de la Flottille, « Israël n’a aucune autorité légale pour contrôler ou appliquer un bouclage maritime sur Gaza », comme elle l’explique dans le communiqué de la Coalition.
Que peut espérer accomplir un si petit navire ? Rima Hassan l’a elle-même reconnu : « On se doute bien que c’est un pansement, mais c’est le maximum que l’on pouvait charger avec les moyens du bord ». L’objectif n’est pas de résoudre la crise humanitaire mais de maintenir Gaza dans l’agenda international et de défier symboliquement un blocus considéré comme illégal par la communauté internationale.
Les données qui révèlent l’ampleur de la crise
Quels sont les chiffres qui justifient une telle prise de risque ? Depuis octobre 2023, Israël maintient ce que les experts qualifient de « blocus total » sur Gaza. La malnutrition aiguë des enfants a augmenté de plus de 80% en mars 2025, tandis que les livraisons d’aide ont été réduites à un « goutte-à-goutte » selon l’expression de l’ONU, transformant l’enclave en zone de famine artificielle, selon le rapport des experts onusiens.
Perspectives et suite des événements
Un test pour la diplomatie internationale
Que révèle cette crise sur l’état du droit international ? L’affrontement autour du Madleen cristallise les tensions entre la realpolitik et le respect des droits humains. Si Israël procède à l’arraisonnement du navire, cela constituera un précédent inquiétant pour la liberté de navigation en haute mer et l’acheminement de l’aide humanitaire.
L’Union européenne se trouve dans une position délicate : comment concilier son soutien officiel au droit international avec ses relations diplomatiques et commerciales avec Israël ? La présence d’une eurodéputée française à bord du Madleen transforme cette question théorique en test pratique pour la crédibilité européenne.
L’avenir de la résistance civile
Mais cette mission annonce-t-elle une nouvelle forme de militantisme international ? La Coalition de la Flottille de la Liberté a d’ores et déjà annoncé que d’autres navires suivront, transformant potentiellement cette initiative isolée en mouvement durable de résistance civile au blocus de Gaza.
L’issue de cette confrontation en mer Méditerranée pourrait définir les règles du jeu pour les futures initiatives humanitaires vers Gaza. Une réussite encouragerait d’autres actions similaires, tandis qu’un échec risquerait de décourager la solidarité internationale avec la population gazaouie.
Le dénouement de cette odyssée méditerranéenne, attendu dans les prochaines heures, constituera un test majeur pour l’état du droit international et la capacité de la société civile à défier les politiques gouvernementales qu’elle juge injustes.
