Stéphane Larue
Actus

États-Unis : L’administration Trump interdit de séjour Thierry Breton et 4 figures de la régulation tech

États-Unis : L’administration Trump interdit de séjour Thierry Breton et 4 figures de la régulation tech

Dans une escalade diplomatique sans précédent, Washington a annoncé mardi des sanctions visant cinq personnalités européennes, dont l'ancien commissaire Thierry Breton, accusées de censurer les opinions américaines via la régulation numérique.

"Censure extraterritoriale" : la charge de Marco Rubio

C’est une décision lourde de sens politique qui vient de tomber à Washington. Le département d’État américain a confirmé l’interdiction de visa pour cinq Européens jugés hostiles à la liberté d’expression telle que la conçoit l'Amérique de Donald Trump.

Le chef de la diplomatie américaine, Marco Rubio, n’a pas mâché ses mots. Il accuse ces "idéologues" de mener des efforts coordonnés pour contraindre les plateformes américaines à supprimer des contenus protégés par le premier amendement. "L'administration Trump ne tolérera plus ces actes flagrants de censure extraterritoriale", a-t-il martelé.

Voici la liste des cinq personnalités désormais indésirables sur le sol américain :

  • Thierry Breton, ancien commissaire européen au Marché intérieur.
  • Imran Ahmed, directeur du Center for Countering Digital Hate (CCDH).
  • Clare Melford, du Global Disinformation Index.
  • Anna-Lena von Hodenberg et Josephine Ballon, de l'ONG allemande HateAid.

Ces sanctions s'appuient sur une nouvelle politique de restriction des visas ciblant ceux que Washington considère comme responsables de la suppression de la liberté d'expression aux États-Unis.

La riposte de Paris et le spectre du maccarthysme

La réaction de l'ancien commissaire français ne s'est pas fait attendre. Sur le réseau social X, Thierry Breton a dénoncé une "chasse aux sorcières", comparant la situation à l'ère du maccarthysme. "À nos amis américains : la censure n'est pas là où vous le pensez", a-t-il écrit.

L'État français a immédiatement fait bloc derrière son ancien ministre.

Le ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a condamné "avec la plus grande fermeté" cette décision. Il a rappelé que les peuples européens sont "libres et souverains" et refusent de se voir imposer des règles étrangères sur leur propre espace numérique.

Le DSA et l'ombre d'Elon Musk

Au cœur de ce conflit se trouve le Digital Services Act (DSA), le règlement européen sur les services numériques que Thierry Breton a piloté à Bruxelles jusqu'en 2024. Ce texte impose aux géants du web une modération stricte des contenus illégaux et de la désinformation.

Cette vision se heurte frontalement à celle des libertariens américains et de la Silicon Valley, désormais très influents à la Maison Blanche.

L'animosité entre Thierry Breton et le camp Trump n'est pas nouvelle. En août 2024, le commissaire européen avait ouvertement mis en garde Elon Musk avant son interview avec Donald Trump sur X, menaçant de sanctions en cas de diffusion de contenus haineux. Une ingérence que le milliardaire et l'administration républicaine n'ont visiblement pas pardonnée.

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