Stéphane Larue
Actus

Crise à l’hôpital de Toulouse : les urgences ne prennent plus que les cas graves

Crise à l’hôpital de Toulouse : les urgences ne prennent plus que les cas graves

Confronté à une pénurie de personnel sans précédent, le CHU de Toulouse a déclenché une réorganisation drastique de ses services d’urgences adultes qui, à partir de ce lundi 3 novembre, se concentrent exclusivement sur la prise en charge des cas les plus sévères.

Une décision inévitable face au manque de médecins

La direction du Centre Hospitalier Universitaire de Toulouse a annoncé une mesure radicale pour faire face à une situation critique. En raison d’un déficit important de personnel médical, les urgences adultes des sites de Purpan et Rangueil sont contraintes de filtrer les admissions. Concrètement, seuls les patients dont l’état de santé justifie « des soins hospitaliers ou une hospitalisation » seront pris en charge.

Cette décision fait suite à un constat alarmant : il manque 25 médecins pour assurer le bon fonctionnement du pôle urgences. Une situation qualifiée d’inédite par la professeure Sandrine Charpentier, cheffe du pôle, qui a souligné l’impossibilité de « tenir plus longtemps » dans ces conditions. Cette mesure exceptionnelle est prévue pour durer au moins deux mois, jusqu’à la fin de l’année.

Comment fonctionne le nouveau dispositif d’accueil ?

Désormais, les patients se présentant aux urgences pour des pathologies considérées comme bénignes seront accueillis par un infirmier ou un médecin d’orientation. Leur rôle sera d’évaluer la situation et de réorienter ces personnes vers des structures plus adaptées, comme la médecine de ville ou d’autres partenaires de soins, en liaison avec le Service d’accès aux soins (SAS).

Le CHU insiste sur la nécessité pour le public de changer ses habitudes. Avant tout déplacement, il est impératif d’appeler son médecin traitant ou, en son absence, de composer le 15. Cet appel préalable permet une régulation et une orientation pertinentes, réservant les plateaux techniques des urgences aux situations qui le requièrent absolument. Les locaux habituellement dédiés aux soins ambulatoires seront temporairement transformés en zones d’attente pour les patients en attente d’hospitalisation ou de sortie.

Un système de santé sous très haute tension

Cette réorganisation intervient dans un contexte déjà tendu pour l’hôpital public, avec des services d’urgences régulièrement saturés. Le CHU de Toulouse a enregistré près de 229 000 passages aux urgences en 2024, pour seulement 15% d’hospitalisations, un chiffre en hausse constante. Cette pression est accentuée par l’approche de l’hiver et la circulation attendue des virus comme la grippe, le Covid ou la bronchiolite.

Cette situation suscite de vives inquiétudes, notamment chez les élus locaux qui dénoncent une « crise profonde de notre système de santé ». Ils craignent un report de la pression sur le SAMU et SOS Médecins, déjà surchargés, et un risque accru de renoncement aux soins pour les plus fragiles. La décision révèle l’épuisement des urgentistes qui, face à des conditions de travail dégradées, quittent de plus en plus le secteur public.

Tout savoir sur la situation des urgences à Toulouse

Pourquoi le CHU de Toulouse a-t-il pris cette décision ?

Le CHU fait face à une grave pénurie de personnel, avec un déficit de 25 médecins urgentistes. Cette situation ne permet plus d’assurer l’accueil de tous les patients dans des conditions de sécurité optimales. La réorganisation vise à concentrer les ressources médicales disponibles sur les patients nécessitant une hospitalisation immédiate.

Concrètement, qui sera encore admis aux urgences ?

Seuls les patients présentant un état de santé grave, nécessitant des soins hospitaliers ou une hospitalisation, seront pris en charge directement par les services d’urgences de Purpan et Rangueil. Pour les autres, une réorientation sera systématiquement proposée après une première évaluation.

Quels sont les bons réflexes à adopter avant de se déplacer ?

Avant de vous rendre aux urgences pour un problème médical non vital, le CHU de Toulouse recommande impérativement de contacter en priorité votre médecin traitant. S’il n’est pas disponible, le réflexe à adopter est d’appeler le 15 (SAMU). Un médecin régulateur évaluera votre situation et vous orientera vers la solution la plus appropriée.

Cette mesure est-elle temporaire ?

Oui, cette nouvelle organisation est annoncée comme temporaire. Elle est mise en place à compter du 3 novembre pour une durée d’au moins deux mois, soit jusqu’à la fin de l’année 2025. L’objectif est de traverser la période hivernale, souvent synonyme de forte activité hospitalière, tout en garantissant la sécurité des soins pour les cas les plus critiques.

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