Stéphane Larue
Actus

Retraites : l’Assemblée vote la suspension de la réforme, le financement reste introuvable

Retraites : l’Assemblée vote la suspension de la réforme, le financement reste introuvable

C’est un vote politique majeur intervenu vendredi soir. Les députés ont adopté à une large majorité la suspension de la réforme des retraites dans le budget de la Sécurité sociale pour 2026. Si le gel de la réforme Borne est acté sur le papier, le flou persiste sur la facture : aucune solution de financement solide n’a été validée.

162 voix pour, 75 contre : le verdict est tombé plus tôt que prévu dans l’hémicycle.

Ce scrutin concrétise une mesure phare réclamée par la gauche et réintroduite via des amendements transpartisans. La suspension a finalement été soutenue par une alliance de circonstance regroupant le gouvernement, les Républicains, le Parti socialiste, le Rassemblement national et le groupe Liot.

Sur le fond, l’article 45 bis du PLFSS gèle l’application de la réforme dite « Borne » jusqu’au 1er janvier 2028. Cela suspend mécaniquement le relèvement de l’âge légal de départ à 62 ans et 9 mois, ainsi que l’exigence des 170 trimestres pour obtenir un taux plein. Mais derrière cette victoire législative, une question brûlante demeure sans réponse : qui va payer l’addition ?

Car l’équation budgétaire, elle, ne tourne plus rond.

Une facture d’un milliard sans payeur désigné

Selon les calculs du gouvernement, cette mise en pause coûtera 100 millions d’euros dès 2026, avant de grimper à 1,4 milliard d’euros en 2027.

Initialement, l’exécutif comptait financer ce décalage par une surtaxe sur les complémentaires santé et un gel des pensions. Or, au fil des navettes parlementaires et des votes, ce plan de financement a été méthodiquement démantelé par les députés.

L’Assemblée a d’abord refusé que la surtaxe sur les mutuelles serve à financer les retraites, arguant que les patients ne devaient pas payer pour cette mesure. Pire pour les comptes publics : vendredi soir, avant le vote final, les députés de tous bords ont également rejeté le gel des pensions de retraite et des prestations sociales (article 44), privant le budget d’une source d’économie majeure.

Le casse-tête de la CSG

Reste la piste de la fiscalité sur le capital, mais elle s’avère insuffisante.

Si une hausse de la CSG sur les revenus du capital a bien été validée, le compromis arraché par le gouvernement en a réduit la portée. Le rendement attendu est passé de 2,8 milliards à 1,5 milliard d’euros. Surtout, ces recettes ont été fléchées vers la branche autonomie, qui ne pilote absolument pas le dossier des retraites.

Pour financer cette suspension désormais votée, il faudra donc piocher dans les économies réalisées ailleurs dans le volet recettes du budget de la Sécu.

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