C’est une séquence qui restera dans les annales des bêtisiers. Lundi soir, le journal de 20 Heures de France 2 a diffusé un reportage sérieux sur un expert des coupons de réduction, sans réaliser qu’il s’agissait en réalité de l’humoriste Mehdi Jibril, infiltré pour piéger la rédaction.
Un reportage trop beau pour être vrai
Tout semblait parfaitement huilé.
Dans le sujet diffusé lundi soir, les téléspectateurs découvrent « Arnaud Rolland », un jeune homme méticuleux présenté comme le « roi des bons plans ». Classeur épais sous le bras, gilet rouge sur le dos, il arpente les rayons d’un supermarché avec une aisance déconcertante.
Face caméra, il explique sa méthode pour diviser la facture par deux.
Il trie ses coupons le dimanche, calcule, optimise. « On a gagné le jackpot », lance-t-il après un passage en caisse victorieux, affirmant payer une misère pour un caddie bien rempli. Une aubaine pour la chaîne publique en pleine période d’inflation.
Sauf que tout était faux.
L’humoriste tombe le masque
Quelques heures après la diffusion, la supercherie éclate sur les réseaux sociaux.
Le prétendu « Arnaud » est en fait Mehdi Jibril, un créateur de contenu bien connu sur TikTok et YouTube sous le pseudo « Mehdi tu connais ». Spécialiste des canulars, il s’était déjà illustré en promenant un sosie de Rihanna à la Fashion Week ou en s’incrustant en direct à la télévision déguisé en Napoléon.
Mardi matin, il jubile sur Instagram.
Il publie les coulisses de son forfait avec une légende sans équivoque : « Je me fais passer pour le roi des bons plans au JT de 20 Heures ». Un coup de projecteur magistral — et gratuit — alors qu’il vient d’ouvrir la billetterie de son premier spectacle parisien.
Le mea culpa de la chaîne
Pour France 2, le réveil est douloureux.
La direction de l’information a dû rapidement réagir face à l’ampleur du bad buzz. Sur le compte X (ex-Twitter) du 20H, la chaîne a publié un rectificatif officiel, admettant un défaut de vérification.
« L’une des personnes interviewées a trompé une de nos journalistes en falsifiant son identité », plaide la chaîne.
Ce n’est pas la première fois que les journaux télévisés sont victimes de leur soif de témoignages « parfaits ».
Si la séquence prête à sourire, elle relance l’éternel débat sur la fiabilité des sources et la course à l’image choc dans les rédactions, où les délais de production se raccourcissent dangereusement. Le reportage a depuis été retiré des replays.
