À quelques mois des élections municipales, un rapport confidentiel de la chambre régionale des comptes (CRC), consulté par Le Parisien ce mercredi, dresse un portrait alarmant de la situation financière de la capitale, pointant une dette jugée insoutenable et une gestion qui met la Ville en péril.
✨ L’essentiel à retenir ✨
- Un rapport de la CRC qualifie de « dégradée » la situation financière de Paris, soulignant une dette qui a atteint 9,3 milliards d’euros fin 2024.
- La mairie de Paris, dirigée par Anne Hidalgo, conteste vivement ce document, le qualifiant de « bâclé » et « instrumentalisé » à des fins politiques.
- L’opposition parisienne y voit la confirmation d’une gestion hasardeuse et d’un « tsunami financier » pour la capitale.
Une dette qui a plus que doublé en dix ans
Le constat de la chambre régionale des comptes est sans appel. Après avoir examiné la période 2021-2024, les magistrats financiers estiment que la Ville de Paris est passée d’une « situation fragile » à une « situation financière dégradée ».
La cause principale de cette alerte est l’envolée de l’endettement. L’encours de la dette a atteint 9,3 milliards d’euros à la fin de l’année 2024. Ce chiffre représente une augmentation de 54 % en cinq ans et de 120 % en dix ans, une trajectoire que la CRC juge préoccupante. Selon le rapport, la municipalité ne parvient plus à financer ses investissements sans un recours excessif à l’emprunt, dépassant les « ratios prudentiels ».
Les magistrats soulignent que la Ville a déjà activé plusieurs leviers pour augmenter ses recettes, comme la hausse de la fiscalité locale ou la réforme du stationnement, sans pour autant réussir à redresser durablement son épargne.
Le document reconnaît toutefois un contexte difficile, marqué par la baisse des recettes liées aux transactions immobilières et par des réformes nationales ayant privé la collectivité de ressources.
La défense de la mairie pointe un rapport « bâclé »
La publication de ce rapport à sept mois du scrutin municipal suscite la colère de l’exécutif parisien. Dans sa réponse aux magistrats, la maire Anne Hidalgo dénonce des « erreurs factuelles », des « contresens » et un calendrier choisi pour permettre une « instrumentalisation » politique du document.
Son adjoint aux finances, Paul Simondon, abonde dans ce sens, qualifiant le travail de la CRC de « bâclé ». Selon lui, l’enquête a été menée « en quatrième vitesse » dans le seul but d’être publiée avant la période de réserve électorale.
La mairie met également en cause le désengagement financier de l’État, qui, selon elle, affaiblit la trajectoire financière de la capitale. « Pour que la trajectoire soit soutenable, ce dernier doit arrêter de faire les poches de la ville », affirme Paul Simondon.
L’opposition dénonce un « tsunami financier »
Pour l’opposition, ce rapport vient confirmer des craintes exprimées de longue date. David Alphand, coprésident du groupe Changer Paris mené par Rachida Dati, déclare que ce document reprend « point par point » l’argumentaire de son camp depuis cinq ans. Il évoque un « tsunami financier » qui s’est abattu sur la Ville.
Marie-Claire Carrère-Gée, sénatrice (LR) et présidente de la commission des finances au Conseil de Paris, estime que « l’heure des comptes a sonné pour la majorité ». Elle fustige un « gaspillage ahurissant d’argent public » et « l’ampleur des dissimulations ».